Un récent article du magazine The Economist rapporte qu’en 2021, on avait enregistré 126 décès prématurés dus aux combustibles solides (comme le bois 🪵 ou le charbon de bois), pour chaque 100 000 habitants.
Cela fait d’Haiti l’un des pays où la pollution due à ces combustibles solides tue le plus de gens en proportion, comme le montre la carte ci-dessous. Le record est battu par la Corée du Nord (240 morts pour 100 000 habitants en 2021).
Mais, ce qui est le plus inquiétant, c’est que toutes les régions du monde sont en train de remplacer ces combustibles solides par des solutions plus propres (comme le gaz et l’électricité) alors que la situation ne semble pas trop évoluer en Haiti. Comme on peut le voir dans le graphique ci-dessous, le taux de décès prématurés dûs à ces combustibles est en baisse dans beaucoup de régions, particulièrement en Afrique et en Asie.
Même si pour l’instant, je n’ai pas les chiffres (je consulterai plus tard les données détaillées pour Haïti, si elles sont disponibles), je doute qu’Haïti puisse se vanter de tels progrès.
En fait, j’avais fait l’exercice il y a quelques mois. J’avais trouvé, en utilisant, les données de FAOstat, que la production de charbon de bois n’a pas cessé d’augmenter depuis les années 1990, comme le montre le graphique ci-dessous.
Il faut souligner aussi que cette activité exerce une forte pression sur nos forêts et le couvert forestier du pays. Une étude réalisée en 2016 au niveau du département du Sud par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement en Haïti avait trouvé que certaines des espèces les plus prisées pour la production de charbon de bois sont: bayahonde, campêche et Neem. L’utilisation de bois de manguier et de mangroves est aussi notable.
Mais un autre aspect moins discuté sur lequel l’article de The Economist a attiré mon attention est que ce sont surtout les femmes qui cuisinent dans beaucoup de pays affectés par ce type de pollution. C’est certainement le cas en Haïti. Autrement dit, la pollution due aux combustibles solides affecte la santé des femmes et les tue prématurément de façon plus marquée que les hommes.
De fait, les femmes et les enfants apparaissent comme le groupe le plus affecté par ces décès à travers le monde. Non seulement chaque année on enregistre 4 millions de décès prématurés dans le monde dus à cette forme de pollution, celle-ci est aussi la troisième plus grande cause de décès chez les femmes après les maladies cardiaques et les acccidents vasculaires cérébraux. De quoi faire réfléchir sur le poids que ces rôles genrés font peser sur la santé et la vie des femmes dans les pays en développement.
PS: Pour la première fois, il est possible d’écrire mon infolettre directement depuis l’application Substack grâce à une nouvelle mise à jour. Cela veut dire que je ne suis plus obligé de me connecter à un ordinateur, ce qui était très fastidieux et chronophage. Attendez-vous donc à voir ma productivité légèrement augmenter. Je pourrai écrire aussi de façon plus spontanée. Donc à très vite. 😁
Intéressant de lire ça...ça pousse vraiment à le réflexion...je viens par exemple du Cameroun et les plat cuisinés avec le bois (morceaux ou en sciure) et le charbon sont plus culturellement appréciés que ceux cuisinés au gaz et autres...jee demande si en mettant ces arguments de santé et surtout de longévité en avant cela incetera davantage de personnes à faire le shift🙃?
Bref c'est à réfléchir ...peut être faire une étude un peu plus approfondie sur le sujet peut être intéressant
Merci beaucoup pour les informations et le travail de recherche