Maintenant que j’ai plus de temps libre, je teste un nouveau format. Du texte plus synthétique, plus direct et en continu. La lecture devrait être plus fluide.
Mais juste avant, Jean Daniel Senat, journaliste au quotidien haitien Le Nouvelliste et
, rédacteur en chef de (une infolettre que je vous recommande vivement pour rester branché.e sur ce qui se passe en Haiti) sont de passage au Canada pour assister au festival international du journalisme à Carleton-sur-Mer. Ils ont dû braver maints dangers et ont raconté leur périple sur les médias sociaux et à Radio-Canada. Port-au-Prince est lentement, mais surement, en train de devenir une prison à ciel ouvert. Chaque fois que j’affronte des difficultés, je pense au courage de ces journalistes et me voilà revigoré. Merci pour votre travail messieurs!Haiti: Publications scientifiques
30% des patients souffrant d’anémie falciforme admis aux programmes concernés de l’Université de Miami sont d’origine haitienne. Cela laisse croire que la prévalence de cette maladie en Haiti pourrait être plus élevée que ce qu’on pense (habituellement autour de 1% d’après les études disponibles), surtout quand on tient compte des faibles moyens de dépistage en Haiti. Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Miami a tenté de mettre en place un meilleur dispositif de détection et de suivi de cette maladie en Haiti.
Les maladies tropicales négligées (MTN) sont un ensemble d’affections qui touchent principalement les populations pauvres des zones tropicales. L’Organisation Mondiale de la Santé en compte une vingtaine, parmi lesquelles les plus connues sont sans doute la rage, la gale, la lèpre, le pian, l’envenimation par morsure de serpent, la dengue, le chikungunya ou encore la filariose lympathique. Les MTN concernent pas moins d’un milliard de personnes dans le monde. Sans surprise, elles sévissent également en Haiti. Il y a un manque criant d’interventions relatives à la santé mentale des personnes affectées, alors même que cet aspect est bien documenté chez ces malades. Une étude a essayé de se pencher sur la question en Haiti, dans le cas de la filariose lymphatique (voir la photo). Une cohorte de près de 200 malades a pu bénéficier d’un encadrement fourni par des clubs appelés clubs Hope à Léogâne et leur niveau de dépression a pu être comparé à celui d’un groupe qui n’a pas bénéficié de l’encadrement. Alors qu’au départ, 50% des membres du club Hope étaient dépressifs (contre 36,5% pour les non membres), à la fin de l’intervention moins de 30% des membres étaient touchés par la dépression. L’intervention consistait à former les malades sur la façon de gérer eux-mêmes la maladie (à la fois sur le plan psychologique, médical et communicationnel) tout en renforcant leur confiance en soi. Elle a déjà fait ses preuves dans le cas de malades souffrant de l'arthrite, du diabète, de douleurs chroniques, du VIH et du cancer. Docteur Erchelle Simon, spécialiste de la question, m’a promis une entrevue. Je vous reviens dès que ce sera fait.

Le programme Lakou Kajou peut aider à combattre les stéréotypes de genre en Haiti! C’est la conclusion à laquelle une étude portant sur près de 900 élèves de 6 à 7 ans en Haiti est parvenue. La première auteure de l’article est une chercheuse de l’Université du Maryland. L’équipe a questionné les enfants sur leur perception de ce qui distingue les garçons des filles. Par exemple, on leur a montré des photos de diverses activités, caractéristiques ou professions et on leur a demandé à quel(s) sexe(s) ils les associaient. Au départ, les stéréotypes et les clichés sexistes étaient très présents. Sur une échelle de 0 à 9, allant des points de vue les plus stéroétypés (0) aux points de vue les plus inclusifs (9), les élèves ont eu un score moyen de 2.85, ce qui montre à quel point les stéréotypes sexistes étaient déjà bien ancrés. Par exemple, moins de 30% de l’échantillon pensaient au départ que les hommes comme les femmes pouvaient faire la lessive, être juge ou jouer au soccer, avec aucune différence entre les points de vue des garçons et ceux des filles (mais les enfants provenant du milieu rural avaient des points de vue encore plus stéréotypés). Les chercheuses ont ensuite séparé les élèves en 2 groupes de façon aléatoire, un groupe suivant 21 épisodes du programme Lakou Kajou et l’autre le même nombre d’épisodes du programme Dora l’exploratrice (disponible sur Netflix), tous deux des programmes qui véhiculent des messages non stéréotypés sur les filles et les garçons, à la différence que Lakou Kajou est un programme haitien en créole. Les analyses montrent que les élèves qui ont assisté aux projections du programme Lakou Kajou affichaient à la fin moins de stéréotypes sexistes que les élèves qui ont assisté au programme Dora l’exploratrice. Cependant, je ne partage pas le point des chercheuses qui minimisent un peu l’effet de la langue dans leur discussion, elles supposent que les enfants en Haiti utilisent les deux langues (ce qui n’est pas tout à fait vrai). Contrairement à elles, je crois que le fait d’écouter un programme éducatif télévisé dans sa langue maternelle a un impact important sur l’efficacité du programme.
Maladi nanm, maladi zonbi, maladi lalin. Voilà comment dans le nord du pays les Haitiens décrivent certaines maladies mentales. Les deux premiers renvoient à des problèmes d’anxiété et de dépression, vus comme les manifestations d’un esprit “envoyé” pour nuire à la personne, alors que maladi lalin renvoie aux troubles bipolaires (en référence aux phases changeantes de la lune). C’est ce que met en lumière une étude qualitative impliquant près de 100 patients d’un centre de santé mentale dans le nord d’Haiti.
Haiti: Autres publications
Un article du média en ligne Ayibopost a critiqué la gestion financière du projet de canal sur la Rivière des Massacres à Ouanaminthe, près de la frontière avec la République dominicaine. L’article, intitulé “Dépenses bizarres pour le canal de Ouanaminthe”, constate un ensemble de transactions qui prêtent à confusion et invitent à se demander si les fonds collectés pour le projet citoyen du canal de Ouanaminthe ont été bien utilisés. Pour ma part, l’article de Ayibopost ne m’a pas convaincu, mais j’encourage la démarche consistant à demander plus de transparence.
Aussi, pour avoir une idée de ce que la population pense du nouveau conseil présidentiel, je vous invite à consulter cet article de Ayibopost intitulé “Paysans, chauffeurs et déplacés expriment leurs avis sur le conseil présidentiel”. Si vous voulez un tldr (trop long je n’ai pas lu): personne ne croit vraiment que ça va changer quelque chose, la population est désespérée.
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GPT-4o: OpenAI offre la vision et la voix à ChatGPT (La Presse)
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Une étude menée par des nutritionnistes de l’Université de Vienne sur une base de données de 471 144 adultes britanniques souligne à quel point le sel peut être nocif pour la santé. Saler vos plats pourrait augmenter vos risques de cancer de l’estomac de 40 % !
Les Cowboys Fringants sont docteurs honoris causa de l’Université du Québec en Outaouais (Le Droit)
“Le gouvernement canadien aurait utilisé la propriété d’’un dirigeant haïtien faisant l’objet de sanctions pour évacuer par hélicoptère ses citoyens lors de l'escalade de la violence en Haïti selon une requête de la Cour fédérale.”
Varia
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Le Royaume de la planète des singes (2024)
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Attention: violences sexuelles, harcèlement, etc. Inspiré d’une histoire vraie. Trop vraie même.
A bientôt.